Solenn Alvarez

Le feu ardent qui brûle en moi éveille mes sens. Je sens le feu qui monte en une lave rouge et fumante et se répand depuis ma matrice originelle en chacune de mes cellules. C’est un volcan primaire sortant des brumes de ma féminité enfouie. 

    Jaillissant depuis la grotte de mes secrets les plus intimes, il s’élève rougeoyant, incandescent, fier, haut et conquérant dans un ciel azur, virginal. Il est ma revendication à être là, femme en devenir. Il est mon cri, ma flamme jaillissante, mon désir refoulé et si présent à la foi, mon être sauvage. Il consume, il fume, mais ne me brûle pas. J’affirme son existence et le laisse s’afficher devant les regards médusés, en ses trois couleurs primaires : le noir, le bleu et le rouge. 

 On ne peut l’ignorer et j’accepte dès à présent l’image qu’il renvoie de moi. Un souvenir lointain à l’aube des temps, quand dans la forêt de nuages s’éveillait en un cri, la vie.

 Cette vie qui dort en moi et ne demande qu’à s’épanouir. Du bleu de mon enfance paisible sort le rouge de mon désir puissant. Il est le sang répandu sur les flancs du monstre éveillé, il est celui qui sommeillait et s’est réveillé. Il affirme sa force dans sa majesté. Son éruption ne fait pas de dégâts : elle est de feu, celui qui nourrit et qui réchauffe. C’est mon secret, partagé avec l’Univers : je deviens femme.